24 mai 2023
Une intervention en ligne pour composer avec les séquelles d’une catastrophe naturelle
Grâce aux travaux d’une équipe de l’Université Laval, les victimes d'une catastrophe naturelle pourraient bientôt bénéficier d’une intervention en ligne pour en atténuer les séquelles psychologiques.
Être forcé de quitter sa résidence d’urgence en emportant le strict minimum afin d’échapper à une catastrophe naturelle comme un feu de forêt ou une inondation grave peut causer un stress considérable. La perte des repères coutumiers et du soutien social qu’entraînent ces épreuves créent un terreau fertile pour plusieurs problèmes psychologiques. Grâce aux travaux d’une équipe de l’Université Laval, les personnes qui ont vécu un tel traumatisme pourraient bientôt bénéficier d’une intervention en ligne pour en atténuer les séquelles psychologiques.
L’idée de cette intervention découle d’études menées par Geneviève Belleville de l’École de psychologie de l’Université Laval, et par ses collaborateurs auprès de quelque 1500 personnes évacuées de Fort McMurray à la suite des feux de forêt survenus en mai 2016. L’équipe avait constaté que, un an après la tragédie, plusieurs sinistrés étaient encore aux prises avec différents problèmes psychologiques : symptômes d’insomnie (29 %), de stress post-traumatique (15 %), de dépression (15 %), d'anxiété généralisée (14 %) ou de trouble lié à la consommation d'alcool ou de drogue (8 %).
Parmi les répondants qui avaient au moins un diagnostic probable de problème psychologique, à peine le tiers avait reçu de l'aide psychologique ou de la médication dans l’année qui avait suivi l’évacuation. « Beaucoup de gens disent qu’ils préfèrent gérer ça par leurs propres moyens, souligne la professeure Belleville, qui dirige aussi le Centre d’études et d’interventions en santé mentale (CEISM). C’est pour aider ces personnes tout en respectant leur désir d’autonomie que nous avons développé RESILIENT. »
Comme son nom le suggère, cette intervention en ligne a pour objectif de favoriser la résilience après un événement traumatique. Elle repose sur trois protocoles cognitifs-comportementaux reconnus : un pour le trouble de stress post-traumatique, un pour la dépression et un pour l’insomnie, précise la chercheuse. Au fil de 12 séances auto-administrées, les participants prennent conscience du traumatisme qu’ils ont vécu, de ses séquelles et des moyens éprouvés qui permettent d’y faire face.
Pour évaluer l’efficacité de RESILIENT, une équipe dirigée par la professeure Belleville a recruté 136 personnes évacuées de Fort McMurray qui montraient des symptômes modérés de stress post-traumatique, ou un stress post-traumatique léger accompagné de symptômes modérés de dépression ou d’insomnie. La moitié des participants a profité de l’intervention immédiatement alors que l’autre moitié, qui a servi de groupe témoin, l’a reçue ultérieurement.
Les résultats, publiés dans la revue Behavior Therapy, indiquent que RESILIENT a produit une réduction substantielle des symptômes de stress post-traumatique, de dépression et d’insomnie. « Les améliorations étaient plus marquées chez les participants qui avaient complété au moins la moitié de l’intervention », signale la professeure Belleville.
Une autre étude menée par son équipe a montré que les personnes qui avaient profité de l’intervention allaient plus facilement chercher du soutien émotionnel auprès de leurs proches et amis par la suite. « Ces personnes se sentent mieux psychologiquement et elles sont davantage en mesure d’aller chercher de l’aide lorsqu’elles en ont besoin », précise Geneviève Belleville.
Pour l’instant, l’accès à RESILIENT est limité aux personnes qui participent à des projets de recherche, mais la professeure Belleville espère que l’intervention fera bientôt partie des outils offerts en ligne aux personnes qui ont des symptômes légers ou modérés de stress post-traumatique. « Cela permettrait de réduire les délais pour recevoir de l’aide psychologique, fait-elle valoir. De leur côté, les professionnels pourraient consacrer leurs énergies aux personnes qui ont des séquelles graves. La population et le système de santé y gagneraient. »
Source :
Équipe des relations publiques et du protocole
Université Laval
418 656-3355
medias@ulaval.ca