13 juillet 2023
L’ARN du virus de l’hépatite E détecté dans des pâtés contenant du foie de porc
Une étude menée par une équipe de l’Université Laval suggère que le virus de l’hépatite E pourrait être présent dans les élevages porcins du Québec et dans certains aliments contenant du foie de porc. En effet, l’ARN de ce virus a été découvert dans des foies de porc crus et dans près du tiers des pâtés de foie et des pâtés de campagne testés lors de l’étude.

— Getty Images
Le porc, en particulier son foie, est un réservoir important du virus de l’hépatite E. « Plusieurs études menées ailleurs dans le monde ont rapporté la présence du virus de l’hépatite E dans des charcuteries ou des plats préparés contenant une proportion importante de foie de porc. Aucune étude n’avait encore été réalisée sur le sujet au Québec. Nous avons donc mené une étude pilote pour avoir un premier portrait de la situation », souligne la responsable de l’étude, Julie Jean, professeure au Département des sciences des aliments et chercheuse à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval.
Pendant l’été 2022, les scientifiques ont acheté, dans des épiceries de Québec, 83 pâtés dans lesquels le foie de porc figurait parmi les trois ingrédients principaux. « Nous avons tenté de diversifier le type de produits, les fabricants et les lots », précise la professeure Jean. L’équipe de recherche s’est aussi procuré 79 échantillons de foie de porc cru provenant d’abattoirs de différentes régions du Québec.
Comme le virus de l’hépatite E est très difficile à cultiver en laboratoire, les analyses ont porté sur un indicateur de sa présence, son ARN. Les résultats indiquent que 29 % des pâtés et 4 % des échantillons de foie de porc cru contiennent l’ARN du virus. « La différence s’expliquerait par le fait que les fabricants mélangent les foies de plusieurs porcs pour faire un lot de pâtés », explique Julie Jean.
L’importance de surveiller la situation
La présence de ce matériel génétique est difficile à interpréter pour le moment, reconnaît la chercheuse. « Nous ne savons pas encore s’il provient de virus actifs ou s’il est libéré par des virus détruits lors du traitement thermique utilisé pour préparer les pâtés. La suite de nos travaux devrait fournir une réponse à cette question. Nous tenterons aussi de déterminer les conditions de fabrication qui assurent la destruction du virus. »
Jusqu’à présent, aucune éclosion d’hépatite E attribuable à la consommation d’aliments contenant du porc infecté par ce virus n’a été signalée au Québec, poursuit la chercheuse. La consommation de produits contenant du foie de porc semble donc poser peu de risque aux personnes en bonne santé.
« La situation est plus délicate pour les personnes immunosupprimées, pour les personnes qui ont des problèmes hépatiques et pour les femmes enceintes. Dans l’état actuel des connaissances, consommer des produits qui contiennent du foie de porc constitue peut-être un risque inutile pour ces personnes. La présence du matériel génétique du virus dans des aliments n’est pas en soi une indication du potentiel infectieux de ces produits, mais elle constitue un appel à la prudence. »
L’étude, publiée par la revue Frontiers in Sustainable Food Systems, est signée par Eva Chatonnat, Mariya Julien, Éric Jubinville, Valérie Goulet-Beaulieu et Julie Jean, de l’Université Laval, et par Nicole Pavio, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de France.
Source :
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