Une nouvelle étude révèle que 16 % des adultes canadiens utilisent le cannabis ou ses dérivés pour traiter l’insomnie. Cette recherche, dirigée par le professeur Charles Morin de l’École de psychologie de l’Université Laval et du Centre de recherche CERVO, et réalisée en collaboration avec 11 autres scientifiques du Québec et de l’Ontario, a été publiée dans la revue Sleep Medicine.
L’étude, réalisée auprès de 4037 adultes canadiens, a permis de recueillir des données sur leurs habitudes de sommeil. « Plus de 16 % des personnes présentaient des symptômes correspondant aux critères du trouble d’insomnie tels que l’insatisfaction de la qualité du sommeil, la difficulté à trouver le sommeil et à demeurer endormies ou un réveil trop tôt. Ces symptômes interféraient avec leur fonctionnement quotidien et généraient une détresse significative », déclare le professeur Morin.
L’étude révèle également que 46 % des personnes ont utilisé des produits pour les aider à dormir au cours des 12 mois précédant l’enquête, soit presque deux fois plus qu’il y a 16 ans. Parmi les produits les plus couramment utilisés figurent les produits naturels et en vente libre comme la mélatonine et la valériane (29 %), le cannabis (16 %), les médicaments sur ordonnance (15 %) et l’alcool (10 %).
Le recours au cannabis est particulièrement élevé chez les 18-35 ans, surtout chez les hommes, atteignant 28 % dans cette tranche d’âge. Tous groupes d’âge confondus, les personnes qui ont recours au cannabis en utilisent quatre fois par semaine, en moyenne. Les femmes utilisent davantage de produits naturels et les personnes âgées, surtout des médicaments sur ordonnance.
« Cette popularité du cannabis comme autotraitement de l’insomnie est préoccupante. Il n’y a aucune donnée probante indiquant qu’il s’agit d’un traitement efficace et sécuritaire contre l’insomnie. Par contre, les effets négatifs du cannabis sur la santé mentale des jeunes sont bien documentés », rappelle le professeur Morin.
La thérapie cognitivo-comportementale reste l’intervention de première ligne recommandée pour le traitement de l’insomnie. Cependant, le manque de ressources dans le réseau de la santé rend cette recommandation difficilement applicable. Le développement d’un programme d’autosoins pourrait améliorer l’accessibilité de ce traitement pour les cas d’insomnie ne nécessitant pas un accompagnement professionnel.
Les autres signataires de l’étude incluent Lydi-Anne Vézina-Im, Si-Jing Chen, Hans Ivers et Geneviève Belleville, tous associés à l’Université Laval.