
— Getty
La qualité de l’alimentation des personnes qui consomment davantage de produits locaux n’est pas substantiellement meilleure que celle de la moyenne de la population québécoise, démontre une étude publiée par une équipe de l’Université Laval dans la revue scientifique Nutrition Journal.
L’équipe de recherche, rattachée au Centre Nutrition, santé et société (NUTRISS) et à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval, a réalisé cette étude grâce à la participation de 834 personnes inscrites au projet NutriQuébec, une vaste enquête portant sur l’alimentation et la santé entreprise en 2019. Les réponses fournies par ces personnes à des questionnaires alimentaires ont permis de calculer, pour chacune d’elles, deux indices développés au Centre NUTRISS : un indice de saine alimentation, qui reflète l’adhésion aux recommandations du Guide alimentaire canadien, et un indice d’alimentation locale appelé l’indice Locavore SF.
« L’indice Locavore SF intègre deux dimensions, explique le responsable de l’étude, Benoît Lamarche, professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation et directeur scientifique du Centre NUTRISS. Il reflète, d’une part, l’origine géographique des aliments consommés et, d’autre part, leur provenance, par exemple s’ils proviennent du potager des participants, d’un fermier ou d’un marché public. Pour simplifier la tâche aux répondants, les questions portent uniquement sur trois légumes, la carotte, la laitue et les tomates, mais l’indice Locavore SF est un bon indicateur de l’alimentation locale dans l’ensemble du régime alimentaire d’une personne. »
Les analyses réalisées par l’équipe de recherche indiquent que l’indice Locavore SF est très faiblement associé à la qualité de l’alimentation. En fait, cet indice expliquerait moins de 1 % des variations dans la qualité de l’alimentation.
« Il y aurait donc lieu de s’interroger sur la pertinence de promouvoir la consommation d’aliments produits localement comme mesure de santé publique pour améliorer la qualité de l’alimentation au Québec, explique Benoît Lamarche. Bien s’alimenter est relativement complexe et on aimerait bien qu’un concept simple comme « manger local » puisse aider les personnes à faire de bons choix pour leur santé. Malheureusement, ça semble plus compliqué que ça. Jusqu’à preuve du contraire, nos données suggèrent que la promotion de l’alimentation locale ne serait pas un bon levier comme mesure de santé publique. »
Cela dit, il serait faux de prétendre que manger local ne sert à rien, insiste le chercheur : « Il y a plusieurs bonnes raisons de promouvoir l’alimentation locale. C’est une excellente façon de soutenir les producteurs agricoles québécois, d’encourager l’économie locale et d’assurer la résilience alimentaire du Québec. »
Cette étude a été réalisée dans le cadre des travaux de Marianne Rochette, étudiante à la maîtrise à l’École de nutrition de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. Les autres signataires de l’étude sont Gabrielle Rochefort, Catherine Laramée, Annie Lapointe, Simone Lemieux, Ariane Bélanger-Gravel, Sophie Desroches, Véronique Provencher et Benoît Lamarche.
Source :
Direction des communications
Université Laval
418 656-3355