15 décembre 2022
Les contacts directs à la tête ont diminué de 30 % au hockey mineur
Le resserrement des règles visant la protection des joueurs de hockey mineur contre les commotions cérébrales aurait entraîné une diminution de 30 % des contacts directs à la tête au cours des dernières années. Cette baisse a été observée en dépit du fait que les arbitres font montre d’un certain laxisme dans l’application de ces règles. En effet, à peine 1 contact à la tête sur 7 est pénalisé, un taux comparable à ce qui était observé avant l’adoption de la politique de tolérance zéro pour les coups à la tête par Hockey Canada.
Voilà les constats qui se dégagent d’une étude publiée dans le Clinical Journal of Sport Medicine par une équipe de recherche de l’Université de Calgary et de l’Université Laval. Grâce à des analyses vidéo détaillées de 28 parties disputées par des équipes formées de joueurs de moins de 15 ans de calibre élite, les chercheurs ont pu quantifier la fréquence des contacts à la tête à trois moments entre 2008 et 2021.
« En 2011, Hockey Canada a implanté une politique de tolérance zéro pour les coups à la tête, rappelle l’un des auteurs de l’étude, Claude Goulet, du Département d’éducation physique de l’Université Laval. Cette politique prévoit des pénalités pour tout contact volontaire ou involontaire à la tête. Depuis, ces règles ont été amendées à deux reprises, en 2018 et 2020, afin d’accroître la sévérité des sanctions pour les coups intentionnels à la tête. Notre étude a permis de documenter la fréquence des contacts à la tête avant l’adoption de la politique, deux ans après son adoption, et après les amendements. »
L’adoption d’amendements imposant des sanctions plus sévères a coïncidé avec une diminution des coups directs à la tête. Leur fréquence, qui était de 12,7 contacts par équipe par 100 minutes de jeu en 2013-2014, est passée à 8,9 contacts en 2020-2121, soit une diminution de 30 %. Par contre, le pourcentage de contacts à la tête punis par les arbitres est demeuré constant au fil des années. Il s’établissait à 14,4 % en 2008-2009, à 15,5 % en 2012-2013, et à 16,2 % en 2020-2021.
« L’imposition de pénalités plus sévères a pu avoir un effet sur le comportement des joueurs, mais la baisse des coups directs à la tête résulte probablement d’un ensemble de facteurs, notamment une plus grande sensibilisation à l’égard des commotions cérébrales qui a amené un changement de culture dans le monde du hockey », avance le professeur Goulet.
En dépit de ces progrès, le hockey reste l’un des sports où l’incidence des commotions cérébrales est la plus élevée. « L’application plus rigoureuse de la politique de tolérance zéro pour les coups à la tête pourrait contribuer à améliorer les choses, estime le chercheur. Cela implique que les arbitres devraient pénaliser davantage les coups à la tête, et qu’ils auraient le soutien des responsables de l’arbitrage, des entraîneurs et des parents pour le faire. »
Les auteurs de l’étude sont Rylen Williamson, Ash Kolstad, Brent Hagel et Carolyn Emery, de l’Université de Calgary, et Luc Nadeau et Claude Goulet, de l'Université Laval.
Pour la suite, l’équipe de chercheuses et chercheurs continue de se pencher sur l’efficacité et l’amélioration des mesures de prévention dans le cadre du projet pancanadien SHRed Concussions.
Pour renseignements ou entrevue :
Claude Goulet
Professeur titulaire au Département d'éducation physique
Vice-doyen à la recherche, aux études supérieures et à l'international à la Faculté des sciences de l'éducation
Université Laval
claude.goulet@fse.ulaval.ca