11 juillet 2023
Hockey : prédire les performances des futurs joueurs grâce à leurs caractéristiques psychologiques
Le repérage de jeunes prometteurs est un exercice périlleux. Certains athlètes qui se sont hissés parmi l’élite de leur sport ont été sous-estimés par les recruteurs lorsqu’ils étaient plus jeunes. Une équipe de recherche de l’École de psychologie de l’Université Laval a montré que certaines caractéristiques psychologiques des jeunes joueurs pourraient être révélatrices de leur futur potentiel.

— Remparts de Québec
Selon l’étude, publiée dans le Journal of Sports Sciences, c’est particulièrement flagrant chez les joueurs dont le talent sur la glace n’a pas encore pleinement émergé. Les capacités d’autorégulation et le balayage visuel lors du visionnement de séquences vidéo permettent de classer correctement 84 % des jeunes repêchés tardivement dans le junior majeur qui deviendront ou non des joueurs d’impact dans leur équipe.
« En théorie, on pourrait donc identifier une forte proportion des talents latents chez les jeunes joueurs de 15-16 ans à partir de tests qui mesurent ces variables psychologiques », souligne le postdoctorant Daniel Fortin-Guichard, l’un des membres de l’équipe de recherche.
Pour arriver à ce constat, l’équipe a rencontré, en compagnie des recruteurs des Remparts de Québec, 95 joueurs de hockey âgés de 15 ou 16 ans en 2019, quelques semaines avant la séance de repêchage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Elle les a soumis à des tests mesurant des caractéristiques psychologiques qui influencent les pensées, les émotions et les comportements. « L’une de ces variables était la capacité d’autorégulation des apprentissages, soit la capacité à tirer le maximum des enseignements qui nous sont offerts en prenant le contrôle de nos propres apprentissages », précise le postdoctorant. Les joueurs devaient aussi visionner et analyser des vidéos de jeu pour mesurer leur capacité d’anticipation, leur prise de décision et leur processus attentionnel (mouvements des yeux).
Parmi les 95 joueurs évalués, 70 ont été repêchés après la deuxième ronde. « Cela laisse entendre que les recruteurs ne les considéraient pas parmi l’élite de leur cohorte », souligne Daniel Fortin-Guichard.
Les indices d’un talent latent
Trois ans plus tard, l’équipe a rencontré les recruteurs des Remparts de Québec de nouveau pour déterminer quels de ces 70 joueurs ils sélectionneraient dans leur équipe s’ils en avaient à nouveau la chance à partir de leurs performances dans la Ligue. Les recruteurs en ont identifié 15. « Quand ces joueurs avaient 15 ou 16 ans, les recruteurs de toutes les équipes n’avaient pas été en mesure de les prioriser au repêchage en se fiant à leurs performances sur la glace. Leur talent était latent », souligne le postdoctorant.
L’équipe de recherche a analysé les données psychologiques récoltées en 2019 pour trouver des indices révélateurs du potentiel qui sommeillait en ces joueurs. Elle a déterminé qu'ils avaient un score d’autorégulation plus élevé que les autres, et que leur stratégie de balayage visuel des images vidéo était plus dynamique. « Ils allaient chercher de l’information dans plus de parties de l’image en arrêtant leur regard moins souvent, c’est-à-dire qu’ils faisaient une seule prise d’information par élément important tout en regardant chaque élément important », explique Daniel Fortin-Guichard.
Pour ce qui est de l’utilité de ces variables dans le repêchage de la Ligue nationale de hockey, Daniel Fortin-Guichard indique la probabilité que les variables de prédiction diffèrent pour des joueurs de 18 ans par rapport à des jeunes de 15 ou 16 ans. « Par contre, la même méthode pourrait être appliquée en étudiant des jeunes de 18 ans pour déceler quelles variables seraient les meilleurs prédicteurs de leurs performances futures », estime Daniel Fortin-Guichard.
Les auteurs de l’étude parue dans le Journal of Sports Sciences sont Daniel Fortin-Guichard, Émie Tétreault, David Paquet et Simon Grondin, de l’École de psychologie de l’Université Laval, et David Mann, de la Vrije Universiteit Amsterdam.
Source :
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