1 février 2024
Prédire la COVID longue pourrait être possible
Une équipe de recherche franco-québécoise a découvert que la mort cellulaire qui frappe certaines cellules du système immunitaire pendant la phase aiguë de l’infection à la COVID-19 ouvrirait la porte à des séquelles associées à la COVID longue.
Chez les personnes hospitalisées en raison de la COVID-19, il y serait possible de prédire, à partir d’une prise de sang, qui risque davantage de souffrir de COVID longue. En effet, pendant la phase aiguë de l’infection, certaines cellules du système immunitaire, appelées lymphocytes T4, montrent des taux plus élevés de mort cellulaire chez les patientes et les patients qui auront une COVID longue que chez celles et ceux qui se remettront sans séquelles de l’infection. C’est ce que rapporte une équipe qu’ont co-dirigée le professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, Jérôme Estaquier avec le professeur et chercheur au Centre hospitalier universitaire de Nîmes, Pierre Corbeau. Cette découverte vient d’être publiée par la revue Frontiers in Immunology.
Cette conclusion repose sur le suivi de 29 personnes traitées pour la COVID-19 à l’hôpital universitaire de Nîmes, en France. Des échantillons sanguins prélevés pendant la phase aiguë de l’infection ont permis aux chercheurs de quantifier l’abondance des différents types de cellules sanguines de même que la concentration de certaines protéines pro-inflammatoires ou anti-inflammatoires chez chacun des sujets.
Dans les mois qui ont suivi l’hospitalisation, 19 des personnes ont souffert de COVID longue alors que 10 n’ont eu aucune séquelle. En comparant la composition sanguine des sujets des deux groupes au moment de leur hospitalisation, l’équipe de recherche a eu la surprise de constater que les valeurs étaient similaires, sauf une.
« Le pourcentage de lymphocytes T4 engagé dans un processus d’apoptose – une forme de mort cellulaire programmée –était de 37 % dans le groupe COVID longue contre 24 % dans l’autre groupe », résume Jérôme Estaquier.
« Chez des personnes bien portantes, le pourcentage de lymphocytes T4 en apoptose se situe à environ 20 %, ce qui est comparable au taux observé chez les sujets avec COVID-19, mais qui n’ont pas eu de séquelles, souligne-t-il. En revanche, chez les personnes qui allaient développer la COVID longue, le pourcentage d’apoptose des lymphocytes T4 était presque deux fois plus élevé que la normale. Cette mortalité des lymphocytes T4 pendant la phase aiguë de la maladie cause une immunodéficience qui pourrait ouvrir la porte à des séquelles associées à la COVID longue », ajoute-t-il.
Selon Jérôme Estaquier, cette immunosuppression pourrait permettre au SARS-CoV-2 de se disséminer plus facilement et de survivre dans certaines parties du corps, notamment dans la muqueuse intestinale. Elle pourrait aussi favoriser la réactivation de virus latents ou encore dérégler les mécanismes de défense du corps.
« Nous voulons maintenant vérifier où en est le taux d’apoptose des lymphocytes T4 chez les personnes qui souffrent de COVID longue. S’il est encore élevé plusieurs mois après l’infection, cela appuierait notre hypothèse, ce qui pourrait relancer la recherche de médicaments pour prévenir l’apoptose de ces cellules. Dans des expériences que nous avons réalisées in vitro, nous avons réussi à réduire de 60 % l'apoptose des lymphocytes en ajoutant une molécule appelée Q-VD au milieu de culture. C’est une approche intéressante, mais il faudrait davantage de moyens pour tester l’innocuité et l’efficacité de cette molécule dans le cadre d’une étude clinique. Pour le moment, il n’y a pas de médicaments pour traiter les millions de personnes qui souffrent de COVID longue dans le monde », conclut le professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval.
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